Petit chien incompris ? - TRUFFE DÉLICE

Petit chien incompris ?

Les petits chiens ne sont pas des peluches

Si je vous dis : « petit chien », vous pensez :

  • Chien hargneux ?
  • Chien de canapé ?
  • Peut-être même les deux ?

C’est hélas l’image qui s'imprime dans l’esprit d’un certain nombre d'individus qui estiment que les chiens de petite taille sont facilement manipulables, tantôt délicats, tantôt querelleurs. Beaucoup d'entre eux oublient que ces “masquottes” ont des exigences spécifiques méritant d’être comblées, au même titre que leurs congénères de grande taille.

Pour qu’un chien soit pleinement épanoui et équilibré, il est nécessaire de satisfaire ses différentes attentes qui sont :

  • la dépense physique
  • la stimulation mentale
  • la socialisation
  • la mastication

Ces fondamentaux sont les mêmes pour tous les canidés, quelle que soit leur envergure ; les petits chiens ont, eux aussi, envie de se défouler. Certes, un Bichon maltais ne pourra faire de balades aussi longues qu’un Berger australien. Et pour cause : une foulée de Berger équivaut à plusieurs pour un Bichon. Le rythme est différent pour chaque catégorie, mais tous nécessitent d'explorer et de se dépenser physiquement. 

Nous oublions fréquemment que le Yorkshire Terrier a été reproduit pour braconner et se débarrasser des nuisibles, le Caniche pour chasser et le Teckel pour déloger les blaireaux de leurs terriers. Habituellement les chiens de larges proportions sont procréés pour la chasse ou la surveillance de troupeaux. Cependant, quelques chiens de petites tailles ont de plus ou moins fortes prédispositions au travail. 

Si les stimulations mentales et physiques ne font pas partie du quotidien canin, de gros risques de désordres comportementaux apparaissent, comme le dynamisme exagéré ou la morsure.

Peu importe la race, les expéditions dans le jardin sont loin d’être suffisantes. Les promenades en extérieur offrent une multitude d'odeurs, des stimuli inattendus, d'autres chemins à renifler, analyser et retenir... contrairement au jardin, que le vadrouilleur connaît par cœur. 

Les échappées sont par ailleurs l’occasion de rencontrer de nouveaux copains et de se sociabiliser grâce à leur contact

Promener sa demi-portion en poussette ou à bras, sous prétexte qu’elle n’a pas d’endurance, revient injustement à la priver de sortie. Attention, je ne parle pas ici des propriétaires qui y ont recours pour assister leur vieux compagnon affaibli ; dans ce cas de figure, cette décision est tout à fait justifiée. 

Les mini carnassiers, aussi miniatures soient-ils, ont le droit de vivre leur vraie vie de chien :

  • courir (en liberté, c’est encore mieux)
  • flairer des pistes
  • aboyer
  • creuser des trous
  • se rouler dans la boue
  • communiquer avec leurs congénères…

Tiens, en évoquant le sujet des congénères...

Les petits chiens manquent cruellement de contact avec leurs congénères

Si vous avez un petiot velu, vous devez forcément appréhender de le voir se faire bousculer, voire écraser, par un un maxi dogue lors d'une escapade à deux. C’est compréhensible. D’ailleurs, rares sont les biquets dans les parcs canins. Pourtant, petit ne signifie pas fragile. 

Les chiens ont besoin de côtoyer des confrères, de les renifler, de jouer avec. Une absence de relations sociales n’est pas sans conséquences ; cela favorise la peur et l’agressivité.

Les petits chiens sont souvent incompris...

Dans l’imaginaire commun, les petits chiens sont plus hargneux que les “molosses”. 

Selon moi, c’est surtout la contrainte qu’ils subissent au quotidien qui encourage le développement de ce caractère. Ils sont portés lorsqu’un invité entre dans la maison, câlinés et caressés à tour de rôle, “décalés” quand ils s'installent à la mauvaise place sur le canapé, dérangés en plein milieu de leur sieste...

Là où un pépère imposant est difficile à manier, un loulou chétif et léger n’apporte pas de grande résistance. Sans nous en rendre compte, nous leur dictons nos options. Or, ces petits poilus n’ont pas nécessairement envie d’être papouillées par tout le monde, ni même soulevées à tout bout de champ.

Ne vous en veuillez pas si vous vous reconnaissez dans mes propos. Depuis toujours, dans les romans, les films ou les pubs, nous est projeté ce portrait de petite “peluche”. Parfois, nous pensons même bien faire, nous nous disons qu’en la trimbalant partout dans nos bras, elle sera rassurée, alors que si nous creusons véritablement, il n’en est rien. En avoir conscience est déjà une belle avancée. La prochaine fois, essayez de laisser le choix à votre poilu. Il ne vous en sera que plus reconnaissant !

L'éducation ne doit pas être négligée

Quand d'aucuns pensent que les modèles réduits sont complaisants, d’autres ne voient pas l’intérêt de les éduquer puisque, à priori, ils sont malléables. Après tout, ce n’est pas parce qu’un Yorkshire est moins costaud qu’un Boxer qu’il ne doit pas suivre d'instruction. Un manque d’éducation peut générer des troubles comportementaux qui, à terme, sont sous-évalués. 

Reprenons l’exemple du Yorkshire et du Boxer

Le Yorkshire déambule avec son maître, quand ils croisent un autre quadrupède dans la rue. Le York se jette en bout de laisse pour aboyer et foncer sur l'adversaire. Ce n’est pas grave, il est commode de le retenir. Dans l’esprit des gens, un petit gabarit n’est pas considéré comme dangereux, ni même effrayant.



Imaginez maintenant cette même conjoncture avec le Boxer. En tirant sur sa laisse, le chien tire son humain et le projette en avant. Ici, il est beaucoup plus compliqué de contrôler un grand format, qui a davantage de force.



Dans ces 2 situations, le problème est le même : le chien est réactif. Malheureusement, les répercutions sont différentes :

  • Dans le premier contexte, aucun protocole de rééducation ne sera mis en place, ni même envisagé. Tant que le gringalet ne semble pas dangereux en étant moins consistant, son pédagogue n’a pas toute lucidité sur la difficulté.
  • Dans la seconde circonstance, le gaillard d'apparence plus puissante et effrayante, incitera son humain à prendre des mesures vouées au réajustement de sa déviance comportementale, afin d'y mettre un terme.

De façon générale, dès qu’un chien de corpulente carrure manifeste un signe de combativité, il est aussitôt conduit chez un spécialiste du comportement. Par contre, quand il s’agit d’un chien de mince constitution, l'occurrence fait sourire : « C’est normal, les petits chiens sont tous hargneux », et l'incident est vite passé sous silence. 

Toujours est-il que, robuste ou malingre, puissant ou pas, la réactivité cause le même mal-être chez le chien. Il entre dans un état de détresse, de panique, devant un égal. L’attaque devient alors la meilleure défense contre ce qu'il considère comme une menace. 

Aucun déséquilibre du comportement ne doit être sous-estimé, quelle que soit la stature du chien, carmême petit, un animal mal à l’aise dans une position inconfortable doit être pris au sérieux. 

Les petits chiens ne sont pas des êtres frêles qu’il faut sans cesse protéger. Être guidés, se sociabiliser et se défouler sont tout autant essentiels pour les petits comme pour les grands.